Visualiser le succès, ça suffit pour réussir ?
- chemelpierre
- 3 juin 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 juin 2024

Visualiser le succès et la réussite, ça fonctionne ?
Nous entendons souvent parler de la visualisation positive, comme si imaginer sa réussite permettait d'améliorer nos performances et nous délesterais de tout notre stress avant une compétition.
Apparemment visualiser la réussite, par un effet appelé loi d'attraction, permettrais d'attirer à soi tous les éléments liés à la réussite comme l'argent, le prestige, etc...
Je vais peut-être vous surprendre, mais visualiser sa réussite peut avoir un effet contraire à l'effet attendu, qui est d'améliorer nos performances et notre confiance pour une compétition par exemple.
Dans quasiment toutes les formations que j'ai faites et dans tout ce qu'on entend sur le sujet, même à l'université, on nous parle de cette visualisation de réussite apparemment si forte et si utile.
Je vais vous partager une étude qui a été menée auprès d'étudiants à l'université.
On a demandé au groupe A de visualiser leur réussite aux examens lors d'une séance d'imagerie mentale positive.
On a demandé au groupe B de visualiser leur réussite associée à une visualisation du chemin à parcourir, des obstacles à dépasser ainsi que de la manière de les dépasser.
Pour le groupe C (groupe contrôle), on ne leur a rien demandé.
Après avoir rassemblé les résultats de l'étude, on pourrait s'attendre à ce que le groupe contrôle est les moins bons résultats aux examens et que le groupe A et B, et on pourrait s'attendre à ce que le groupe B soit en dessous du groupe A.
Ce que les résultats ont montré, c'est que les étudiants qui ont une moins bonne performance appartiennent au groupe A, le groupe contrôle qui ne fait rien à de meilleurs résultats. Et le groupe dont les résultats sont les plus intéressants est le groupe B.
Cela peut paraître contre intuitif, mais voici ce qu'il se passe dans notre cerveau :
Lorsqu'on visualise la réussite, qu'on ressent corporellement et émotionnellement les effets de la récompense obtenue, comme un trophée, les résultats aux examens, etc...
Et bien notre cerveau à l'impression d'y être, il a l'impression que les examens sont terminés et sont finis.
Je rappelle que notre cerveau ne fait quasiment pas la différence entre ce qu'il imagine et la réalité. Donc si on imagine très bien la réussite, cela a pour effet de modifier notre système d'attribution de valeur.
Ici, notamment, comme on a l'impression d'avoir déjà reçu la récompense et terminée nos tâches. Le cerveau attribue moins de valeur au travail préparatoire pour les examens, il attribue moins de valeur positive aux efforts à fournir et donc accorde moins d'énergie et de motivation pour accomplir toutes les tâches qui nous permettent d'être prêts pour le jour de l'examen.
Conclusion : cela nous rend trop optimistes.
Que faut-il faire alors ?
Comme nous l'avons vu dans l'étude, imaginer sa réussite associée à une visualisation de dépassement.
Visualiser sa réussite n'est pas non plus à exclure, j'ai plusieurs athlètes qui n'arrivaient pas à se voir gagner avec qui j'ai travaillé sur ce genre de visualisation. Arriver à se voir gagner est déjà un défi en soi et peu permettre de croire en soi avec de la pratique mentale régulière, bien sûr associé à de la pratique réelle, on ne remplace pas la réalité par l'imagination.
Ce qui est intéressant, c'est quand on arrive à se voir gagner et réussir, que notre cerveau est capable de se le représenter (y croire), mais que cela est accompagné d'une visualisation "réaliste" des effort à fournir pour y arriver.
Rien n'est à oublier dans l'équation : Réussite + Chemin = Motivation
Se visualiser en train de gagner nous aide à croire que c'est possible, mis cela diminue nos efforts.
Se visualiser en train de faire face à des obstacles, à des imprévues, se visualiser en train de dépasser ses obstacles en mobilisant des ressources et des capacités internes et externes augmentent nos efforts.
Notre cerveau comprend alors : "Ah ! Je peux réussir, c'est possible ! Mais il faut que je travaille dur, et c'est comme ça que je dois faire..."
Retiens ceci : Ce que tu imagines laisse une trace dans ton cerveau, si tu imagines le chemin que tu dois parcourir pour arriver là où tu veux aller, tu es en train de tracer le chemin de ta réussite au niveau neuronal.
Est-ce que cela veut dire que tu vas réussir ? Ne faisons pas de raccourcis, la réussite est multifactorielle, mais en étant capable d'utiliser ce mécanisme cérébral pour lever des freins à l'engagement dans un projet, c'est un bon début.
Mais cela soulève une autre question :
Faut-il être optimiste ou pessimiste ?
En réalité, plus on avance dans la recherche et dans les découvertes plus on remarque que certains concepts sont à nuancer.
La "pensée positive" nous vend très bien l'optimisme, comme preuve irréfutable des personnalités résilientes et performantes.
Mais de quel optimisme parle-t-on ?
Être optimiste à plusieurs avantages quand cela est lié à une réalisation, à l'aboutissement d'un projet, à quelque chose que l'on veut réussir à atteindre.
Être optimiste, c'est finalement croire que c'est possible, c'est un synonyme d'espoir.
Comme le dit si bien ce proverbe, "l'espoir fait vivre", s'il n'y a plus d'espoir, alors il n'y a plus de mouvement, plus de vie, plus d'efforts.
Nous possédons un cerveau prédictif qui calcule en permanence et de manière complexe les conséquences (+ / -) de chacune de nos actions et de nos décisions. Si l'optimisme est retiré de l'équation, alors il n'y à plus de mouvement (motivation / drive).
Maintenant, pour reprendre l'étude réalisée chez les étudiants, être seulement optimiste nous amène à surévaluer nos chances de succès, notre cerveau est câblé pour dépenser le moins d'énergie possible, alors s'il évalue une échéance comme un "c'est dans la poche", il ne se prépare pas, il conserve son énergie.
Le pessimisme est souvent vu comme un défaut, comme un trait négatif qui nous empêche d'avancer. Mais cela n'est vrai que si ce pessimisme vient prendre la place de l'optimisme, là ou lui à sa place.
Être pessimiste en pensant à un travail à réaliser, si on est conscient que c'est possible, c'est évaluer normalement les chances de succès par rapport aux efforts à fournir.
Si je crois en un projet, mais que je suis pessimiste sur le fait que le travail qu'on fournit est suffisant pour réaliser ce projet, alors cela nous amène à mobiliser plus d'énergie, plus de ressources, plus de travail pour réaliser une tâche.
Donc la juste équation est la suivante :
Optimisme de but + Pessimisme de chemin = Motivation / Détermination

Conclusion :
Être pessimiste quant à notre capacité à réaliser une tâche ou une ambition, revient à ne pas croire en soi et en ses capacités, cela diminue nos performances.
Être trop optimiste quant à notre capacité à réaliser une tâche ou une ambition revient à surévaluer nos chances de succès, cela diminue nos performances.
Être optimiste quant à notre capacité à réaliser une tâche ou une ambition revient à croire en soi et en ses capacités à accomplir une tâche, mais diminue notre implication, dans le cas où on est déjà impliqué, cela améliore nos performances, dans le cas contraire, cela les diminue.
Être optimiste quant à notre capacité à réaliser une tâche ou une ambition + être pessimiste sur le travail et les efforts à fournir revient à croire en soi et en ses capacités ainsi qu'à ajuster notre système de valeur à la situation. "Je sais que ça demande du travail et je sais que je peux le faire, alors je le fais et je le fais bien !"
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